Les miracles arrivent tous les jours… (histoire de Gestalt)

 

Miracles happen everydayPeut-être naissons-nous sur Terre pour grandir spirituellement, pour apprendre à donner, apprendre à recevoir… et -osons le mot- apprendre à aimer ?

« Il y a une petite sur le port. Elle a 3 ans. Elle s’est arrêtée de parler depuis deux semaines. Elle ne dit plus un mot. Il faut que tu la voies…

– Je t’ai déjà dit que je suis coach, pas psy.

– Et alors ??…

– Et alors je n’ai pas les compétences, c’est tout.

– Ecoute, tu es la seule qui s’y entend avec les gens et les relations humaines sur ce port, alors je te demande juste de voir la petite et ses parents… et tu nous diras ce qu’il faut faire. »

Mais je n’ai AUCUNE idée de ce qu’il faut faire. Je me sens parfaitement illégitime, dans une incompétence consciente et assumée : « je ne sais pas et je sais que je ne sais pas ». Mais parfois, il en faut plus pour décourager le Destin. Le lendemain, alors que je discute tranquillement :  Continuer la lecture

« Tiens, voilà la petite dont je t’ai parlée qui arrive… et les parents sont juste derrière. ».

Impossible d’échapper à la rencontre.

« C’est vous la psychologue ? », s’enquiert la mère.

– Non, je ne suis pas psychologue, seulement coach.

– Ah bon… », me répond-elle tranquillement, pas du tout contrariée par ma réponse.

Je n’ai aucune compétence en psychothérapie, mais tout le monde s’en fout apparemment.

J’observe la petite. Elle court, se jette dans les bras des personnes qu’elle connaît, éclate de rire, tire la queue du chien au passage, rie encore. Elle ne parle pas, mais balbutie et chouine en effet, comme un bébé. Aucun mot concret. Elle comprend visiblement tout ce que nous disons. Nous nous observons en silence. Nous nous observons en sourires. Très vite, je rassure les parents. La petite est gaie, active, enjouée : je n’ai pas de sentiment d’urgence. Ils me demandent de passer un moment avec elle : j’hésite… mais comment refuser ?

mains adulte enfantLa petite me prend par la main et nous allons nous promener sur le port. Je me demande ce que feraient Martine et Marcelino, deux psychothérapeutes que j’admire et auprès desquels je me forme, en pareille situation. Je me dis qu’ils me diraient surement d’être présente, d’écouter, d’accueillir, d’être en lien, juste pleinement présente à l’autre, à l’enfant.

Comme en Gestalt, je me risque à une hypothèse : « Tu étais très fâchée quand tu as décidé d’arrêter de parler ? » Elle acquiesce de la tête. Je prends un ton grave et je lui réponds : « Je comprends… Si j’avais 3 ans et que j’étais très fâchée, peut-être que je ne saurais pas comment faire pour me faire comprendre des grands. Peut-être que moi aussi, je me serais arrêtée de parler. » Elle me regarde avec un énorme sourire qui illumine son visage.

Je lui dis « Tu sais, c’est très long, deux semaines pour des parents quand leur enfant s’arrête de parler. Ils sont inquiets, ils ont peur pour toi. » Elle éclate de rire. Je reprends : « Et là, tu es toujours très fâchée ?… » Elle me répond oui de la tête, de façon très accentuée. J’accuse réception de son non-verbal : « Oh ben dis-donc, tu es vraiment très, très très fâchée alors !!… Je comprends pourquoi tu t’es arrêtée de parler si tu es fâchée aussi fort. » Elle marche à mes côtés, main dans la main, songeuse, intériorisée. Je laisse le silence s’installer. En vieillissant, j’ai appris à me taire. Elle me regarde à nouveau. Je lui dis « Moi, j’ai hâte que tu ne sois plus fâchée. J’ai vraiment hâte… Ca sera bien… » Elle me lance un grand sourire, plein de malice et repart en courant vers sa maman.

Que puis-je faire de plus ? Je résume la situation dans un long SMS que j’envoie aux quelques psy que je connais, tous formés à l’Ecole Parisienne de Gestalt. Je crois à la complémentarité des idées et des conseils: contacter le CMP le plus proche à la rentrée, rassurer les parents, leur dire de donner à l’enfant des signes de compréhension, plutôt que des signaux d’inquiétude. Je retourne au bateau des parents et transmets les conseils reçus à la lettre. Je dois quitter le port pour quatre jours.

A mon retour, la mère et la petite remontent mon ponton. La maman me glisse à l’oreille la bonne nouvelle : « Ma fille reparle ! C’est formidable ! Merci, merci. » Ces quelques mots chuchotés m’enflamment le cœur, même si je ne suis pas très sûre d’y être pour grand-chose. Je me sens surtout le maillon d’une chaîne d’Humanité, épaulée par les grands. C’est chouette d’aider les autres à se réconcilier avec la Vie. Sur mon t-shirt ce jour là, il est écrit « Miracles happen everyday » : ça ne s’invente pas… J’ai la faiblesse de croire en leur co-création… et j’en profite pour remercier celles et ceux qui y ont participé (directement ou indirectement). Vos conseils m’ont été précieux !…

 Il y a une petite sur le port. Elle a trois ans et elle parle à nouveau. Grâce à vous. Merci !

ChaineHumaine

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