Les trois portes de la Sagesse (petit conte très inspirant)

 

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Parfois, surtout si je regarde le journal télévisé et que j’apprends que « des humains ont gazé d’autres humains », je pourrais facilement passer de « radiateur » à « drain » (cf. mon article « Etes-vous radiateur ou drain?« ), en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire…

Je me retrouve avec les mêmes interrogations qu’enfant : « Mais comment est-ce possible ?!!…« 

…et je n’ai aucune réponse : je n’y comprends rien, pas plus à 44 ans qu’à 4 ans.     Et RIEN de ce que j’ai appris sur l’humain ne m’est utile. 

Alors que je partageais récemment les limites de mon optimisme avec l’une de mes amies (de la famille d’âmes « radiateur option thermo-nucléaire »), elle m’envoya ce texte qui m’éclaira beaucoup et coupa net ma tentation de désespoir. MERCI au passage à cette belle et généreuse âme !…

Contrairement à ce que je croyais, j’étais moins en lutte avec cette humanité qui me désespérait tant, qu’avec ma propre « impuissance à passer des portes ».

IL Y A DES CADEAUX QUI SE PARTAGENT…

Alors je vous offre ce magnifique petit conte en espérant qu’il soit aussi inspirant pour vous qu’il ne le fût pour moi. Et si c’est le cas, soyez sympa : faites passer !…

Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire  son apprentissage de la Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage. 

« Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie », demanda le Prince. 

« Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications.

Sur ta route, tu trouveras trois portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi. »

Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie.

Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire « CHANGE LE MONDE ». 

« C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas. »

Et il entama son premier combat.

Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent.

Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

« J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas ».

« C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise. » Et il disparut.

Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte.On pouvait y lire « CHANGE LES AUTRES ».

« C’était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. »

Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent. Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »

 « J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses. »

« Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir. » Et le Vieil Homme disparut.

Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots « CHANGE-TOI TOI-MEME ».

« Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire », se dit-il. Et il entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.

Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :   « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »  

« J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser. » 

« C’est bien », dit le Sage.  

« Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise. »

« C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. » Et il disparut.

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la troisième porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait  « ACCEPTE-TOI TOI-MEME ».

Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens.

« Quand on combat on devient aveugle », se dit-il.

Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.

Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda :   « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »  

« J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement. »  

« C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la troisième porte. »

A peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut  « ACCEPTE LES AUTRES ».

Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu. Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » demanda ce dernier.

« J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement. »

 « C’est bien, » dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.

Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut   « ACCEPTE LE MONDE ».

Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ?

Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »  

« J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement. » 

« C’est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde. »

Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita.

« Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence. »  

Et le Vieil Homme disparut. 

Texte de Charles Brulhart. 

Décembre 1995. 

(Vous pouvez utiliser librement ce document, à condition de ne pas le modifier et de mentionner sa source).

Et vous ? Quelle(s) porte (s) avez-vous le plus de mal à passer ?… Ce conte vous a-t-il inspiré ? 

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6 réflexions sur « Les trois portes de la Sagesse (petit conte très inspirant) »

    • 1000 mercis pour votre commentaire et pour votre enthousiasme !
      C’est typiquement des soutiens et encouragements comme votre message qui m’incitent à continuer mes publications tous les lundis, avec assiduité. C’est précieux pour moi, merci…

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