Christiane SINGER : l’écrivain pour coacher votre ménage de printemps !

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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand je fais le ménage dans ma vie, je me mets soudain à avoir envie de me désencombrer aussi du matériel. Beaucoup d’objets qui me paraissaient avoir un rôle, du sens, de l’importance encore hier, me paraissent soudain complètement futiles, inutiles, en trop…

Le problème est que je n’aime pas jeter. Comment faire dès lors pour s’alléger ?… 

Vous connaissez la petite phrase dans la tête ?… « On ne sait jamais… Ca peut toujours servir… » (A m’entendre, on pourrait croire que j’ai au moins vécu trois guerres !…). Un ami à qui je confiais mes difficultés à me séparer de l’inutile a eu la bonne idée de m’envoyer ce texte que je ne connaissais pas, de la regrettée Christiane SINGER dont j’aime tellement le style.

Si la littérature m’est souvent venue en aide, plus jeune, pour combattre mes coups de cafard, je n’imaginais pas qu’un jour, elle viendrait me soutenir dans mon grand ménage de printemps !!… mais jugez plutôt et appréciez ce style inoubliable, qui m’évoque Anais Ninn par certains aspects.

« J’ai vidé la maison de mille choses, trié vêtements,  bibelots,  papiers,  dessins, meubles même, tableaux, et j’ai rempli d’innombrables cartons pour les chiffonniers d’Emmaüs. — A chaque objet, je demandais : avons-nous encore quelque chose à nous dire, toi et moi? Et chaque fois une réponse m’était donnée, claire. Je ne visais pas, ce faisant, à me débarrasser de quoi que ce soit : je prenais congé de pans entiers de ma vie — avec égards et respect. Merci pour les rencontres, merci pour les ruptures, merci pour l’encre séchée dans les flacons et le papier jauni, merci pour les lettres écrites et pour celles auxquelles je n’ai pas répondu, Continuer la lecture

merci pour les chaussures qui ont fait avec moi un bout de chemin et merci pour les étoffes qui m’ont revêtue et parée, merci pour les invitations, merci pour les photos, merci pour les coups de cœur, merci pour les brouilles, merci pour ce service de table où d’autres, peut-être, aimeront manger, merci pour Aldo, merci pour l’ivresse et merci pour le dégoût, merci pour tous les malentendus et le rideau de brume déchiré. Merci pour Adrien perdu et pour Adrien découvert. Merci pour toutes ces choses que j’ai été, dont je suis à la fois pétrie et vivante évadée. Merci pour ces mille et une gouttes dont la dernière a fait déborder le vase. Merci pour tout ce que j’ai été et pour la secousse tellurique qui a tout chambardé – merci pour cette pléthore de choses, de fragments, d’éléments, d’aventures, pour cet apparent chaos dont naît, pour finir – dans l’absolu mystère du lâcher-prise – une unité inattendue, subtile.

Et, sans hâte, avec une détermination paisible  et joyeuse,  j’empaquette,  je vide,  je remplis, je transporte, je ficelle.

Et le plus fou – comment oser le dire? – est l’assurance absolue qui peu à peu me gagne, que chacun des gestes que j’accomplis là ordonne le chaos du monde.

Aussi loufoque que me soit apparue d’abord une telle allégation, à moi qui n’ai appris à penser que dans les catégories d’une époque – elle a fini par s’imposer à moi comme la plus claire, la plus rieuse, et la plus sereine évidence : la manière dont je touche les objets, les déplace, prends congé d’eux, peut rétablir dans leur orbite céleste des astéroïdes déraillés. Chaque geste, auquel l’âme et les sens adhèrent ensemble, irradie jusqu’au bout du monde. »

Cet extrait vous-t-il parlé ? Que retiendriez-vous d’essentiel de votre vie dont vous ne vous sépareriez pour rien au monde ?

N’hésitez pas à commenter cet article et à me laissez votre commentaire !!… Ca m’intéresse…